Les agents de sécurité privée peinent à imposer le port du masque

Les agents de sécurité privée affirment être régulièrement victimes d’agressions physiques ou d’insultes de la part de clients refusant catégoriquement de porter le masque. En plus de leurs tâches habituelles, les agents de sécurité doivent désormais faire respecter le port du masque dans les commerces, administrations ou entreprises et s’exposent parfois à des réactions hostiles. Plusieurs agents de sécurité ont en effet témoigné de leurs difficultés devant la tâche confiée. Certains clients, dociles face à eux, n’hésitent pas à retirer le masque une fois entrés dans les murs de l’établissement. D’autres refusent tout simplement de l’enfiler devant l’entrée du magasin entrainant des situations parfois compliquées à gérer. Car ces agents de sécurité doivent composer avec les humeurs et l’individualisme d’une partie de la société.

Ainsi fin juillet, un agent de sécurité nantais a été blessé par un client qui ne voulait pas porter son masque. La semaine dernière, c’est un homme qui a tout bonnement frappé au couteau un agent alors que ce dernier lui refusait l’accès à un bar dans la ville de Brest faute de masque. Le professionnel s’en est sorti avec une grave blessure à l’œil et un arrêt de travail de plusieurs jours.Certains agents évoquent un quotidien fait de gestes déplacés, d’insultes et de menaces. L’un d’eux notamment a été pris à partie récemment : On me dit “va te faire foutre, t’es qui? T’es pas la police”.» «Je dois parfois courir après les clients dans le magasin pour qu’ils mettent le masque», a dit à l’AFP Modibo Sissoko, agent de sécurité au Monoprix des Halles. Le climat général se tend à mesure que l’obligation du port du masque se généralise.

Tout en observant que les agents de sécurité «participent pleinement» au respect du port obligatoire du masque, le ministère de l’Intérieur explique cependant ne pas avoir voulu formellement leur confier cette nouvelle mission, en raison de «l’absence de formation et/ou de prérogatives spécifiques.» Mais dans les faits, les agents sont toutefois amenés à s’assurer du port du masque des clients, à mettre à leur disposition du gel hydroalcoolique et parfois même à prendre leur température. «C’est dans nos missions», juge Cédric Paulin, secrétaire général du Groupement des entreprises de sécurité (GES), principal syndicat du secteur. Il existe quoiqu’il arrive un flou juridique sur les prérogatives de ces professionnels qui faute de mieux sont chargés d’assurer le respect de toutes ces modalités contraignantes. Car ont-ils légalement le pouvoir d’imposer le port du masque ?

« Il faut respecter les consignes données par les donneurs d’ordres », qui sont eux-mêmes obligés de respecter la législation en matière «de contrôle d’accès et de bonne utilisation des lieux », explique-t-il, en s’étonnant de l’« agressivité (physique ou verbale)» à laquelle doivent faire face les agents de sécurité. Pourtant, « après les attentats, la palpation et la surveillance des sacs étaient plutôt bien acceptées par le public, alors qu’elles sont plus intrusives.»

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