La profession de détective privé (agent de recherches privées) se féminisant grandement depuis quelques années, nous publions un article de Marine, jeune enquêtrice récemment diplômée qu’un journaliste a suivi dans son quotidien d’investigations : enquêtes pour particuliers (adultère, garde d’enfants, revalorisation de pension alimentaire…) et entreprises (concurrence déloyale, arrêt maladie frauduleux, travail dissimulé, recouvrement de créances…), filatures, photos, rapports. Zoom sur le quotidien de ces hommes et femmes de l’ombre trop souvent décriés.
A la tête de son agence Vienne Investigations, loin des affaires d’adultère, la professionnelle est spécialisée dans les enquêtes sur la fraude en entreprise. Elle a choisi de témoigner sous couvert d’anonymat pour lever le voile sur sa profession de détective privée. Alors, on l’appellera Marine. Rencontre.
Comment êtes-vous devenue détective privée ?
Après une licence de droit privé, j’ai obtenu ensuite une licence professionnelle “ Sécurité des biens et des personnes, mentions enquêtes privées ”, un diplôme d’Etat délivré par l’université Paris II Panthéon Assas qui permet d’intervenir en toute légalité en disposant d’un agrément préfectoral. Et j’ai créé mon agence il y a deux ans environ.
Ce métier est souvent associé aux affaires de mœurs…
C’est la perception que s’en font les citoyens et on ne bénéficie pas d’une très bonne image. Quand on s’occupait surtout d’adultères, on nous appelait la brigade des cocus. Depuis, notre activité s’est diversifiée. Moi, le cœur de mon métier, c’est la lutte contre la fraude en entreprise.
C’est-à-dire ?
J’enquête sur la fraude à l’arrêt maladie et aux maladies professionnelles. Les employeurs ont parfois un doute sur le motif de l’arrêt maladie d’un collaborateur. Ils ne sont pas toujours au courant qu’ils peuvent faire appel à nos services pour des vérifications. Si le salarié est bien protégé, ce qui est normal, les employeurs sont un peu désemparés.
Quel est votre rôle ?
C’est d’apporter des preuves qui pourront servir devant un tribunal. Je ne peux pas donner mon rapport d’enquête directement à un client. Il doit être transmis à un intermédiaire soumis au secret professionnel : avocat, police, gendarmerie… Notre profession nous donne le droit d’agir sans révéler notre qualité, ni notre droit de mission. Je peux emprunter toutes les identités que je veux mais ne dois en aucun cas me faire passer pour une personne du service public.
Pourquoi fait-on appel à Vienne Investigations ?
Faute de temps et de moyens, la police et la gendarmerie ne peuvent s’occuper de toutes les affaires. Dans le cas d’un particulier, il faut arriver à avoir un relationnel car tu interviens à un moment de sa vie qui n’est pas le plus facile. Comme cette personne en fin de vie qui me demandait de retrouver sa fille. Ce que j’ai réussi en trois jours. Ils étaient très contents de se revoir.
La filature est un moyen d’investigation incontournable…
Je dois me fondre dans la masse… Sur le terrain, la filature se cantonne à la voie publique et aux espaces publics. Je peux passer de longues heures dans ma voiture jusqu’au moment où ce que j’attends se produit et la montée d’adrénaline remplace alors toutes les heures d’attente.
Un exemple ?
Des parents m’ont missionnée car leur fille était harcelée après une histoire sentimentale. On s’en prenait à son véhicule. J’ai mis en place une surveillance et plusieurs personnes ont pu être confondues grâce à des photos que j’ai prises. Les parents ne comprenaient pas que l’adresse de leur fille soit tout de suite retrouvée malgré ses déménagements. C’est simple : un portable avait été fixé sous sa voiture ce qui permettait de la géolocaliser à tout moment.
Quels sont les interdits ?
Je ne pénètre jamais dans une maison, un jardin, un garage… On n’a pas le droit de porter atteinte à la vie privée. Je ne rentre pas non plus dans les téléphones portables et n’enquête pas à travers les réseaux sociaux qui me servent à communiquer.
Comment ?
Sur la page Facebook de Vienne Investigations, en restant assez vague, je raconte le déroulement de certaines enquêtes de façon à faire mieux percevoir le champ d’action d’un détective privé.
Vous pouvez traiter des dossiers sensibles. Comment gérez-vous cette pression ?
Mon équilibre passe par le sport mais dans le domaine que j’ai choisi, la fraude à la Sécurité sociale, je ne me sens pas vraiment en danger. J’aime faire mon métier et aucune enquête ne m’empêche de dormir.
Crédits : Patrick Lavaud (Photo) – Jean François Rullier (Article) – La Nouvelle République
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Article : Zoom sur les investigations quotidiennes d’une détective privée
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