Interview du directeur de l’agence de détective privé Léman Investigations Annemasse

Il y a quelques mois, Blanche, Marylou et Laura, trois jeunes étudiantes du collège Saint Pierre de Bourg en Bresse ont sollicité le directeur de l’agence de détective privé Léman Investigations Annemasse pour répondre à leurs questions. Ces dernières, qui tenaient un stand durant un forum des métiers, souhaitaient présenter le métier d’enquêteur privé. S’en est suivie une discussion à bâtons rompus avec ces trois demoiselles aussi gentilles que curieuses (une bonne qualité pour le métier !). Nous avons pu évoquer le quotidien d’un détective privé, parler de ses techniques d’enquêtes, de sa formation, de ses filatures et planques… Merci à elles pour le temps et l’intérêt consacré à la découverte de ce métier encore très méconnu auprès de beaucoup de gens.

Monsieur, pouvez-vous nous dire en quoi consiste exactement le métier de détective
privé ?

Le détective privé intervient pour le compte de particuliers ou de professionnels dans le cadre de litiges en justice. Notre but est d’apporter des éléments de preuves afin que notre client puisse non seulement se défendre et faire valoir ses droits mais
aussi obtenir satisfaction. Nos dossiers peuvent parfois être déterminants selon le type de procédure.

Qui fait appel à vous ?

Nous travaillons aussi bien pour des particuliers (dossiers d’adultère, de garde d’enfants, de violence, de diffamation…) que pour des entreprises (fraudes aux arrêts maladie, concurrence déloyale, vols en entreprises, espionnage industriel…)

Comment un détective privé organise ses journées ?

Il n’existe pas de journée type et c’est ce qui fait tout l’intérêt et la beauté du métier. Nos planques peuvent démarrer à 4h du matin et durer toute la journée comme être très brèves.
A cela s’ajoutent les rendez-vous clients, la facturation, la rédaction des rapports, l’administratif…Nous ne nous ennuyons pas !

Comment procédez-vous lors d’une enquête ? Vous trouvez des indices ? Des suspects ?

Nous avons des façons de faire selon le type de dossier sur lequel nous travaillons. Très souvent nous débutons notre travail par des recherches dites en sources ouvertes : internet,
annuaires, réseaux sociaux, greffes de tribunaux…Nous pouvons déjà à ce premier stade trouver de très bons éléments qui orienteront notre enquête dans un sens bien précis. Par la suite, nous réalisons des filatures avec prises de photos ou captation d’images par vidéos. Nous pouvons auditionner, réaliser des scénarios en approchant des personnes pour recueillir une information en particulier. Tout ceci doit en revanche se faire dans la plus stricte légalité. Nous ne prenons d’ailleurs que les dossiers qui répondent aux trois critères suivants : légalité, moralité et légitimité.

Quelles études avez-vous fait pour devenir enquêteur privé ?

Une formation juridique classique. J’ai une Licence de Droit obtenue à la faculté de Savoie – Chambéry et un Master 2 Sécurité Intérieure obtenu à la faculté Jean Moulin Lyon III. Notre métier nous impose de connaitre précisément le droit et les évolutions de jurisprudence. Nous devons constamment faire attention à ce que nous produisons dans nos rapports.

Vous exercez seul ?

Absolument ; mon agence de détective privé est sur Annemasse et s’appelle Léman Investigations. Elle existe depuis près de 5 ans.

Quelles qualités faut-il posséder pour pouvoir exercer votre métier ?

Il faut surtout du naturel et la passion pour le métier. Le reste vient avec la logique. Le métier est très dur physiquement et la charge émotionnelle peut parfois être grande. Vous devez aussi souvent faire preuve d’empathie envers les personnes qui vous exposent des faits qui les touchent de manière très personnelle. Vous pouvez parfois être leur dernier recours. C’est un mélange très subtil qui rend notre vie à la fois très palpitante comme parfois très frustrante.

Avez-vous des tenues particulières lors de vos investigations ?

Nous partons toujours avec plusieurs vêtements dans le but de nous désilhouetter durant la journée et ce afin que la personne suivie ne puisse pas se douter d’une éventuelle filature. Notre métier est en définitive assez théâtral puisque nous nous mettons souvent dans la peau d’un personnage.

Agissez-vous toujours seul dans vos enquêtes ?

Non selon les difficultés nous pouvons intervenir à plusieurs enquêteurs mais c’est un métier qui reste globalement assez solitaire.

Quelle est la différence entre un détective privé et un détective simple ?

Il n’existe pas de détective simple. Si la dénomination change, le métier reste le même. D’ailleurs notre métier exact est Agent de recherches privées; le terme de détective privé n’existe théoriquement pas. Mais la plupart des gens nous connaissent sous ce nom.

Quels sont les avantages et les inconvénients du métier ?

Le plus gros inconvénient est le sacrifice à consentir dans votre vie privée puisque vos enquêtes vous prennent un certain temps et lorsque l’on a le virus on ne le perd pas facilement. Un dossier peut vous occuper la tête pendant des mois !

L’avantage est que vous ne connaissez pas la routine et que vos dossiers sont toujours très différents. La variété est vraiment intéressante. Attention par contre il faut aimer le métier sinon lui ne vous aimera pas !

Comment êtes-vous payé : Par qui ? Par heure ?

Nos clients peuvent choisir entre une facturation à l’heure ou un forfait. Nous déterminons ensemble un nombre d’heures adéquat avant d’intervenir.

Quels sont vos horaires ?

Aucun horaire particulier, vous faites des journées de 15 heures de travail comme parfois de 2 heures. C’est très variable.

Est-ce que les films reflètent la vérité sur votre travail ? Est-ce que ce ne sont que des
clichés ?

Non nous sommes très loin de la réalité. Les films et les médias ne montrent que le côté glamour du métier alors que la réalité est bien différente. Le métier est très ingrat et avant d’effectuer une filature, vous devrez passer par un grand nombre d’heures d’attente.
Ma planque la plus longue a duré quinze heures. C’est dans ces moments-là que le métier est dur car il faut garder toute sa lucidité malgré la fatigue.

Que dites-vous au client si vous perdez votre cible après 10 minutes de filature et à la suite de 10 heures de planque ?

Nous sommes toujours à 100% sur nos dossiers afin de rendre entière satisfaction au client. Les pertes de filature arrivent bien sûr mais ce n’est jamais un moment agréable à annoncer et il faut donc déployer toutes ses compétences pour éviter ça.

Avez-vous des accessoires particuliers ? Lunettes, talkie-walkie, armes, …….

Un détective n’est pas habilité pour le port d’armes. Les talkie-walkie sont volumineux et ne servent globalement que peu puisque les téléphones sont très pratiques et banals. Nous avons par contre des outils spécifiques comme des petites caméras dissimulées en forme de boutons, des montres enregistreuses, de faux MP3 qui filment…Mais globalement ce sont de petites choses qui relèvent plus de l’artifice. Nous travaillons surtout avec des appareils photos et des caméras.

Y a-t- il aussi des femmes exerçant cette profession ?

La nouvelle génération de détectives se féminisent de plus en plus et c’est une bonne chose car les femmes enquêtrices sont précieuses salon les missions. On se doutera parfois bien moins d’une femme. L’imagerie populaire retient encore que le métier est très masculin.